Éloge de la métamorphose, En marche vers une nouvelle humanité

2e édition

Ce n’est pas une crise,
c’est une métamorphose.

Un sentiment d’urgence m’a poussé à écrire ce livre.

Les crises que nous vivons sont des avatars d’un processus de métamorphose qui s’est installé en Occident il y a près d’un siècle. Nous, Européens, avons des personnalités profondément différentes de celles de nos grands-parents. Pleins de vitalité, autonomes, libérés des penchants hiérarchiques et guerriers, nous construisons chaque jour, sans même en être conscients, une société en réseaux humains, enchevêtrés, auto-organisés qui se gouverne elle-même.

Ce livre est à la fois optimiste et prudent car tout n est pas joué.

Ce sont nous, les gens dans leur diversité, gens ordinaires et dirigeants, manuels et intellectuels, jeunes et vieux, savants et ignorants, femmes et hommes …qui, par nos actions et inactions, alimentons la métamorphose et construisons la nouvelle société.

Alain de Vulpian

Retour sur la soirée-dialogue entre Alain Berthoz, Professeur au Collège de France et Alain de Vulpian

Actions récentes et à venir

Actions récentes et à venir

“SJanvier 2019 : Publication de la newsletter Carnet de la métamorphose n°5 en français et en anglais

1er et 2 avril 2019 : World Human Forum à Delphes : la métamorphose socio-culturelle, Tomas Bjorkman, Alexandra Mitsotaki, Irène Papaligouras, Irène Dupoux-Couturier.

14 ans après la parution de son interview dans les Cahiers de SoL, Muhammad Yunus retrouve Irène Dupoux Couturier.

9 avril 2019- Conférence à l’Institut Goethe (Paris), « Pour une nouvelle conscience européenne », présentation de Costas Stamatopoulos et Irène Dupoux-Couturier,  le rôle de l’Europe dans la métamorphose de la civilisation mondiale.

Avril 2019 : Publication de la newsletter Carnet de la métamorphose n°6

Parution du livre en français et en anglais

  • mai 2019 : « Homo Sapiens, à l’heure de l’intelligence artificielle, la métamorphose humaniste » Editions Eyrolles
  • juin 2019 : Edition anglaise : « Homo Sapiens, Collapse or Fulfillment, the humanist metamorphosis » Amazon

 

15 mai 2019 : Journée « Devenir acteur d’une société humaniste – Percevoir, apprendre, agir » organisée par Happymorphose, SoL France et l’Université Catholique de Lille à Lille

24 mai au 2 juin 2019 : SoL European Learning Plaza, Hungary 2019 à Budapest, intervention sur « Europe et métamorphose », IDC

13 juin 2019 : Rencontre/dédicace du livre « Homo Sapiens, à l’heure de l’intelligence artificielle, la métamorphose humaniste » à la librairie Eyrolles par Irène Dupoux-Couturier

1er juillet 2019 : Webinar en français : sur le livre « Homo Sapiens, à l’heure de l’intelligence artificielle, la métamorphose humaniste, avec Irène Dupoux-Couturier

11 juillet 2019 : Intervention d’Irène Dupoux-Couturier lors de « l’Université de l’innovation publique territoriale » à L’Isle d’Abeau

19 septembre 2019 : soirée « Happymorphose ou les changements heureux… », à la librairie Antoine de Versailles, avec Gilles Poirieux et Marie-Christine Villagordo

5 octobre 2019 : conférence de Patrick Degrave sur le thème « citoyenneté et management » pour l’INET (fonctionnaires territoriaux) à Lyon

 

Automne 2019 :

10 janvier 2020 : Imagination Week ESSEC “Un monde en TransitionS : la métamorphose humaniste”

Conférences prévues à Stockholm

Lancement du programme de recherche

  • « Entreprises et métamorphose »; coordinatrice : Marie-Christine Villagordo, première réunion : 25 Septembre de 17h à 20h
  • « L’esprit de la Métamorphose », coordinateur : Alain de Vulpian
  • « Gouvernance, participation, territoires, éducation », coordinatrice : Irène Dupoux-Couturier, premier rendez-vous le mardi 1er Octobre à 14 h chez Alain de Vulpian
  • « Histoire de la recherche-action socio-culturelle » avec Alain de Vulpian, Patrick Degrave, Yves le Floc’h, Anne Beaufumé, Gérard Demuth et Irène Dupoux-Couturier
  • À prévoir « Révolution Numérique et Métamorphose »

 

6 novembre 2019 : Rencontre/dédicace à la librairie Fontaine, bd Haussmann (intervention au bistrot d’à-côté et signature) avec Irène Dupoux-Couturier

Et d’autres réunions en négociations…notamment à l’international.

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Les carnets de la métamorphose

Les carnets de la métamorphose

arc2La veille de la métamorphose

Les signaux faibles auxquels nous nous intéressons sont ceux des micro-changements dans les façons de faire, dans la façon dont les socio-systèmes et les processus se transforment.

Chacun en exerçant sa capacité socio-perceptive, peut être conduit à repérer ces signaux faibles au travers d’une scène de la vie quotidienne ou de la lecture d’un petit ou grand événement. Les signaux faibles pertinents du point de vue de la métamorphose ne s’inscrivent pas dans la routine et sont différents des usages courants. Ce sont notamment des micro-fluctuations qui peuvent s’amplifier. Exercer sa capacité socio-perceptive, c’est être en alerte, c’est une forme d’attention permanente flottante. C’est avec tous ses sens regarder mieux, écouter mieux, sentir d’avantage les choses et les situations. Cela requiert une sensibilité exercée, une attention à ce que l’on perçoit, une empathie à l’égard de ce qui se passe dans la tête des autres, mais aussi une empathie des situations et des cheminements.

CARNET N°6

AVRIL 2019

CARNET N°3

NOVEMBRE 2017

 

BOOK N°5

DECEMBER 2018

CARNET N°2

JUILLET 2017

CARNET N°5

DECEMBRE 2018

CARNET N°1

AVRIL 2017

CARNET N°4

AVRIL 2018

LA MÉTAMORPHOSE SE POURSUIT DE L’INTÉRIEUR

La santé par l’écosystème

Il est désormais intégré depuis plusieurs décennies que la santé dépend non seulement de son mode de vie mais aussi de son environnement. Cette compréhension systémique est à la base des mouvements de fond de la société vers un monde plus écologiques et plus accueillant pour l’homme. On a de plus en plus conscience qu’il n’y a pas d’un côté la santé humaine, de l’autre la santé de la nature (végétaux, faune), mais qu’il n’y a qu’une seule santé « humaine – végétale – animale ». Cela fait quelques dizaines d’années que la Métamorphose a défriché le chemin d’une évolution du rapport de l’homme à la nature, à l’espèce et à la planète. Cela a représenté un saut de complexité considérable dans l’appréhension de l’identité humaine et de son rapport au monde. Un état de conscience d’un haut niveau d’élaboration. Un nouveau saut serait en passe de s’établir avec la compréhension de l’importance des zoonoses, c’est-à-dire du fait que l’essentiel des maladies se transmettraient entre les espèces animales, végétales et humaines. Ces maladies transmises réciproquement représenteraient de l’ordre de 70 % des maladies humaines.

Quand l’appartenance au genre devient hybride

Il devient régulier de croiser dans la rue une personne dont on ne sait plus vraiment dire si elle est une femme ou un homme. Ce n’est pas une question de longueur des cheveux. C’est une question de vêtements qui ne sont ni masculins ni féminins. Ils sont androgynes, c’est-à-dire qu’ils mélangent les codes féminins et masculins.

Cela fait 3 décennies que des artistes comme David Bowie ou Mylène Farmer nous ont habitué à flirter avec les physiques androgynes. Jusqu’à présent ce phénomène était resté confidentiel. Voici que depuis 2-3 ans cela devient sans doute plus qu’un phénomène de mode, un mode de vie. Les sites Internet vestimentaires faisant la promotion du look androgyne se multiplient. Par exemple, sur le site « Tendances de mode » il y a toute une rebrique sur le « style androgyne » avec des recommandations sur les vêtements, les chaussures, selon différents registres BCBG, pour adolescents… Autre site qui surfe sur la vague « MonShowroom.com » (récemment racheté par Sarenza) qui ne proposait pas moins que 6 façons d’être habillé tendance masculin/féminin. Contrairement aux apparences il ne s’agit pas d’hommes qui veulent ressembler à des femmes, ou réciproquement mais de d’hommes ou de femmes qui veulent vivre, en partie, selon les deux registres. La chanteuse « Chris and the Reine » ne dit pas autre chose lorsqu’elle déclare qu’en matière sexuelle elle s’intéresse d’abord aux personnes avant de s’intéresser au genre.

Quand le contact père-enfant passe par la peau

Les pères cajolent de plus en plus leurs bébés et ressentent le besoin d’un échange plus riche, plus sensoriel que les simples échanges par le regard et par la parole.

L’un d’entre eux dira : « J’ai l’impression que nos rapports sont plus profonds, plus authentiques ». Cette pratique est due aux conseils des pédiatres et des sages-femmes qui incitent les pères à concevoir de façon nouvelle leurs relations avec l’enfant. Ce contact charnel ouvre la perspective de modalités enrichies de la relation à l’autre, relation qui fait appel à tous les sens (l’odeur, l’ouïe, le toucher, le goût) et bien évidemment la vue… On sait les bébés particulièrement réceptifs au toucher, l’attitude de ces nouveaux pères ne peut qu’être encouragée.

 

 

La métamorphose appelle de nouvelles régulations

La multiplication des modes alternatifs de déplacement et le partage de l’espace public

De Los Angeles à Paris, ou Berlin, en passant par Londres ou New York partout l’arrivée massive et combinée de nouveaux modes de déplacements perturbe les fragiles équilibres qui avaient fini par s’installer. En compétition avec la voiture, la moto et les transports en commun, il y a maintenant la marche à pieds à laquelle s’adonnent de plus en plus de gens, la bicyclette, les trottinettes, les skates, les rollers auxquels s’ajoutent des micro véhicules électriques : les hoverboards, les Segway, les WalkCar, les rollers, les monocycles… De quoi alimenter la montée des tensions que l’on peut observer dans les grandes villes où l’on n’a pas appris à vivre et à réguler la profusion des moyens de locomotion.

Tout cela n’est pas sans susciter chez certains l’envie de mettre un peu d’ordre. Sans parler des municipalités complétement débordées par le phénomène qu’elles n’imaginent pas bloquer, les scènes de rue se multiplient où les cyclistes se disputent avec des piétons qui eux-mêmes fustigent ceux qui sont en trottinette… Bref, il y a de la tension dans l’air.

En observant cela de plus près, que voit-on ? Ce passant qui rappelle à ce Patineur que les trottoirs sont pour les piétons, ce Patineur qui répond que la route est pour les véhicules motorisés, ce qui n’est pas son cas. Cet automobiliste qui invite cette personne en trottinette électrique à rejoindre la piste cyclable pendant que le cycliste rappelle qu’elle est faite pour les vélos. Ce qui se cherche derrière ces tensions, somme toute faibles, ce sont les règles de partage de l’espace public et les règles du vivre ensemble. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions mais ce qu’un veilleur a pu observer dans une rue de Paris où tous ces moyens de transports sont très employés c’est que petit à petit l’espace public s’est divisé et les comportements civilisés. Les piétons sont sur les trottoirs à l’opposé de la route, les véhicules non motorisés plutôt sur le trottoir mais à raz de la voie de circulation, les petits véhicules électriques motorisés plutôt sur la route à ras du trottoir et les voitures et motos se fraient tant bien que mal un chemin. Les contrevenants à ses usages se font rapidement rappelés à l’ordre.

 

Google s’auto régule-t-il en redéfinissant les principes de ses développements en matière d’intelligence artificielle ?

Certains le pensent. Selon différentes sources, entre 3 000 à 4 000 employés de Google ont signé une lettre ouverte à l’attention de Sundar Pichai, le PDG de l’entreprise : « Nous estimons que Google ne devrait pas être impliqué dans le business de la guerre ». Cette pétition faisait suite au refus par 9 ingénieurs de travailler sur des projets militaires, et à des démissions internes.

Google cherchait à clarifier ses positions en matière d’éthique appliquée aux usages de l’intelligence artificielle. Engagée dans un travail de réflexion sur le sujet qui avait du mal à déboucher avec d’autres entreprises et des ONG, Google a préféré prendre les devants. Il faut dire que l’actualité du développement des applications à base d’intelligence artificielle devenait brûlante. Les choses se sont accélérées lorsque Google a ainsi décidé de se retirer du projet Maven du Pentagone qui consiste à utiliser l’intelligence artificielle pour analyser les images filmées par ses drones. On voit clairement derrière pointer le spectre des robots tueurs.

Les débats n’ont pas seulement porter sur les règles d’éthiques mais aussi sur les façons de faire : comment mettre en pratique ? Comment en parler en interne ? Est-ce que la gouvernance interne est suffisante ? Ne faut-il pas faire appel à des tiers ? Comment prendre en compte les différents points de vue ?

L’enjeu est maintenant d’ouvrir le débat à l’extérieur sur la base d’une proposition éthique interne qui pourrait évoluer en fonction de la consultation des partenaires extérieurs. La métamorphose touchera-t-elle la position des GAFA ? En matière d’équilibre économique et social mondial et en matière de responsabilisation fiscale ?

 

 

 

La société se réinvente tout azimut

La société se métamorphose par les individus et elle se métamorphose également par les changements de ses modes de fonctionnement.

 

Quand les artistes contribuent aux prises de conscience collectives

L’engagement des artistes face aux enjeux de société et de l’environnement est devenu monnaie courante. Signalons une initiative qui pourrait faire date : la préparation d’un « Requiem pour l’humanité » par le compositeur Vangelis. On connait l’importance considérable de la musique pour révéler collectivement des grands cheminements individuels. La musique a joué un rôle déterminant dans l’accélération du processus de métamorphose dans la deuxième partie du XXe siècle. Ce Requiem en préparation par le compositeur Vangelis pourrait avoir un impact considérable à un moment où les prises de conscience sont de plus en plus importantes sur les dérèglements de toutes sortes : économiques, sociaux, climatiques…

 

Un orchestre sans chef : les Dissonances

L’aventure de l’orchestre Les Dissonances a débuté en 2004 à l’occasion d’un concert de Noël donné en faveur des sans-abris au cœur de Paris, dans le quartier Châtelet – Les Halles. C’est dire que l’attention à l’autre et au monde est au cœur du projet.

De retour d’une période de prise de recul dans le désert libyen, David Grimal, jeune soliste international, avait décidé de « retrouver le chemin des autres ». Les Dissonances sont devenues le seul orchestre philharmonique au monde invité à jouer le grand répertoire régulièrement, dans les plus grandes salles de concert, sans la présence sur scène d’un chef d’orchestre. La centaine de musiciens présents, forts de leurs compétences et de leur sensibilité que rien ne vient contraindre n’obéissent qu’à ce que leur dicte leur connaissance de l’œuvre et se laissent conduire par le souci qu’ils ont les uns des autres à travers le rôle assigné à chacun par le compositeur.

David Grimal le dit bien, avec ses mots et sa sensibilité : « C’est une aventure d’amitié, d’amour de la vie, de la musique, des gens ; une société d’hommes et de femmes croyant en leur intelligence collective à l’ère du développement de l’intelligence artificielle. » Cet exemple intéresse particulièrement les entrepreneurs. Retrouver le chemin des autres, dans l’entreprise, c’est permettre l’épanouissement des salariés et apporter des biens et des services utiles à des clients dans le respect des équilibres sociaux et de la santé des territoires, aujourd’hui et demain. Cela ne remet nullement en cause l’existence d’une autorité qui ne devient un problème que lorsqu’elle est abusivement exercée, lorsqu’elle cesse de se soucier des autres. La verticalité d’une relation d’autorité existe donc bel et bien, dans l’orchestre, comme dans l’entreprise, elle s’exerce par le biais d’un leadership assumé mais librement accepté, aucune nécessité n’enchaînant les musiciens à l’orchestre.

 

Les crapauds fous, l’innovation de la rue, Thanh Nghiem et David Li

Les crapauds fous sont ceux qui, pour atteindre la mare et se reproduire à la saison des amours, ne traversent pas les routes au risque de se faire écraser par des voitures mais qui cherchent un autre moyen, en l’occurrence les petits tunnels créés pour eux, par les humains. Ces crapauds qui sortent de leur routine ancestrale sont l’image des innovateurs de la métamorphose. Thanh Nghiem les repère dans le monde.  Le crapaud fou, c’est le déviant qui sauve l’espèce et fait prendre conscience des dangers qui menacent.

Un exemple de crapaud fou qui agit sur le terrain, c’est David Li. Il a eu l’idée d’étudier ce qui se passe à Shenzhen dans la rue où l’innovation se développe pour et par les gens. Il postule qu’on peut ouvrir la production de l’Internet. Les équipes de David Li ont ainsi créé un robot qui désherbe tout seul. Son intelligence artificielle est capable de détecter les bonnes et les mauvaises herbes. Pour une production biologique, cela permet à l’humain de ne pas se casser le dos. En créant une plateforme, Shenzhen Open Innovation Laboratoire, il permet à tous de prototyper n’importe quel objet : des smartphones, des drones, des véhicules électriques, etc. En France, Wiko est devenu le deuxième plus gros fabricant de téléphones en moins d’un an grâce à ce système. David Li est le Robin des bois des temps modernes qui veut œuvrer pour l’intérêt des tous avec le principe des « Goods for good ».

 

Réinventer la façon de faire société autour d’un projet de lutte contre l’exclusion et la pauvreté.

En septembre dernier, l’association « Convergences » a réunit à Paris 5 000 personnes de la société civile pour imaginer des solutions nouvelles contre la précarité et la pauvreté. Autour du thème « faire société demain, faire demain » les participants ont travaillé sur 5 thèmes repris des objectifs de développement durable adoptés par l’ONU : la bonne santé et le bien-être, l’éducation de qualité, le travail décent et croissance économique, les villes et les communautés durables, les partenariats pour la réalisation des objectifs. Pendant deux jours se sont rencontrés des acteurs du secteur public, du monde de l’entreprise, des médias, et de la société civile. Outre le très grand succès de la manifestation, il faut noter la présence de nombreuses institutions venues chercher de l’inspiration sur ces grands thèmes autant que soutenir l’initiative. Cela confirme que la métamorphose est en train de gagner l’ensemble des organisations.

 

Le tissu social de proximité se renforce, un signe supplémentaire que la métamorphose passe par l’enrichissement du « collectif »

Cyria Emelianoff est professeur assistante à l’Université du Mans sur les « capabilités collectives ». Les « capabilités » sont les capacités/compétences collectives.

Dans une perspective de transition citoyenne et de transformation concrète de l’environnement, elle constate que le voisinage devient une ressource. Comme Pierre Giorgini, elle met en avant le concept de campus élargi qui serait ancré dans le territoire et contribuerait à casser les silos.

D’après elle, les étapes à franchir sont les suivantes :

  • Rendre les parois perméables,
  • Permettre un flux à circulation libre, une horizontalité,
  • Encourager la cohabitation avec le vivant,
  • Promouvoir les valeurs d’accueil d’hospitalité, d’ouverture, du « vivre ensemble » en paix,
  • Favoriser la coopération, et construire des capabilités d’alliances entre collectifs,
  • Tenir le cap de la transition ce qui n’est pas une finalité en soi mais bien une condition de survie.

Ce qui est particulièrement intéressant ici, du point de vue la « métamorphose », c’est le réarrangement du collectif dans une perspective qui casse les anciens schémas relationnels, permet de démultiplier les efforts de chacun par la complémentarité, ouvre des perspectives de solutions nouvelles. C’est une étape plus loin que l’organisation de la manifestation organisée par « Convergences ».

 

La ville métamorphosée grâce aux réseaux

Conscientes du rôle qu’elles ont à jouer dans les transformations du monde, sous la pression conjuguée des progrès de l’économie digitale et de la pression climatique et environnementale, les villes créent des alliances, au-delà des États, sur de multiples thèmes : le climat, la résilience, les smart cities, le patrimoine, les monnaies locales ou même les villes apprenantes. Ilya Prigogine disait que : « les villes sont l’exemple même d’un système complexe dissipatif ».

En parallèle, à l’échelle locale, les initiatives se multiplient autour de la production agricole biologique, de l’éducation alternative, des transports partagés…, montrant la maturité d’une société prête à accueillir la métamorphose.

Dernière analyse en date du phénomène des tiers-lieux en France : le rapport très complet, « Faire ensemble pour mieux vivre ensemble » récemment remis par Patrick Levy-Waitz à Julien Denormandie, le Secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, qui démontre la diversité des initiatives locales à travers l’ensemble du territoire national.

Des lieux qui répondent aux attentes de coopération, de mobilité, de créativité et de singularité qui traversent notre société.
La ville métamorphosée, c’est déjà aujourd’hui !

 

Ramener la vie dans les territoires fragilisés

Dans les années 70, alors qu’ils entreprennent la réhabilitation d’un hameau en ruines dans les gorges de l’Ardèche avec des chantiers de jeunes, Gérard et Béatrice Barras découvrent par hasard une filature de laines dont le toit s’écroule dans une vallée perdue à une heure de là. Confiants dans les capacités d’une action collective, et motivés pour agir sur le développement de ce territoire rural abandonné, ils mobilisent une équipe de jeunes en leur proposant d’expérimenter la coopération dans un but de développement économique local.

Il ne s’agira pas de faire un musée ni même une filature, mais de restructurer une filière locale afin de valoriser les laines qui sont jetées en générant quelques emplois. La SCOP Ardelaine est créée en 1982. Tonte des moutons, transformation de la laine en articles de literie, commercialisation en circuit court, la coopérative se développe et crée de nouveaux emplois chaque année.

En 1986, elle installe un atelier de tricotage et confection de vêtements dans un quartier sensible de la ville de Valence. Les coopérateurs sont alors au défi de transposer leur approche du développement local rural à une zone urbaine sur-densifiée. Deux hectares de jardins partagés en pied d’immeuble, en seront les fruits les plus visibles. Pour renforcer son ancrage territorial les activités s’élargissent au tourisme et à la culture. Un, puis deux, parcours muséographiques verront le jour, drainant 20 000 visiteurs par an sur ce site historique. La coopérative, qui se définit alors comme une « Coopérative de territoire », poursuivra son développement en diversifiant ses activités jusqu’au domaine alimentaire de proximité. Un restaurant, une conserverie ouverte à tous les usagers du territoire, verront le jour en 2010, ainsi qu’un café-librairie ouvert toute l’année. Aujourd’hui Ardelaine compte 54 salariés et est labellisée par l’État « Entreprise du Patrimoine Vivant ».

LA DÉCLARATION DE MONTRÉAL EN FAVEUR D’UNE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE RESPONSABLE

C’est le premier fruit d’une démarche très intéressante avec des délibérations citoyennes et une co-construction avec différentes parties-prenantes :
la déclaration de Montréal pour le développement responsable de l’IA.

Les points clés du bilan des consultations citoyennes s’articulent autour de sept thèmes, chacun avec ses questions indicatives et un principe recommandé dans la version préliminaire de la déclaration.

Les principes proposés :

  • Bien-être : Le développement de l’IA devrait ultimement viser le bien-être.
  • Autonomie : Le développement de l’IA devrait favoriser l’autonomie de tous les êtres humains et contrôler, de manière responsable, celle des systèmes informatiques.
  • Justice : Le développement de l’IA devrait viser à éliminer les discriminations, notamment celles liées au genre, à l’âge, aux capacités mentales et physiques, à l’orientation sexuelle, aux origines ethniques et sociales et aux croyances religieuses.
  • Vie Privée : Le développement de l’IA devrait permettre aux personnes qui l’utilisent d’accéder à leurs données personnelles ainsi qu’aux types d’informations que mobilise un algorithme.
  • Connaissance : Le développement de l’IA devrait promouvoir la pensée critique et nous prémunir contre la propagande et la manipulation.
  • Démocratie : Le développement de l’IA devrait favoriser la participation éclairée à la vie publique, la coopération et le débat démocratique.
  • Responsabilité : Les différents acteurs du développement de l’IA devraient assumer leur responsabilité en œuvrant contre les risques de ces innovations technologiques.

LES EUROPÉENS COMME-UN-CERVEAU

Alors que l’actualité politique et médiatique européenne nous informe tous les jours sur les risques d’un éclatement du projet Européen, une autre approche de l’Europe émerge et se renforce sur laquelle trop peu d’observateurs portent leur regard. Il s’agit d’une Europe non-administrative, une Europe des réseaux sur des projets concrets semblent chercher sa voie.

À la suite de la présentation à Delphes du livre Éloge de la métamorphose, Raymond Van Ermen a axé la conférence européenne de Milan de mai 2018 sur le développement durable sur le thème « les Européens-comme-un-cerveau », paraphrasant la formule d’Alain de Vulpian la « société-comme-un-cerveau ».

Il faut que les Européens s’organisent comme-un-cerveau et des projets concrets sont déjà à l’œuvre. L’accord final stipule : « Le 31 mai 2018, à Milan, nous avons lancé une opération européenne comme-un- cerveau afin que les réseaux, les partenariats, les initiatives contribuant à l’accord sur le climat fonctionnent ensemble pour répondre à la nécessité de faire un bond en avant notamment vers un “nouveau contrat social“ ». L’initiative les Européens-comme-un- cerveau commencera comme un écosystème européen d’organisations et de processus axés sur les cinq priorités.

Une première liste de partenaires de cet « écosystème européen comme-un-cerveau » a été esquissée.

Un besoin urgent de « catalyseurs de l’action publique »

En 2015, Alain de Vulpian écrivait dans Éloge de la métamorphose :  « La démocratie représentative et partisane que nous pratiquons est en porte-à-faux par rapport à la nouvelle société, qui se sent exclue du pouvoir et commence à contester sa légitimité. La gouvernance autoritaire et bureaucratique dont nous avons hérité devient inefficace et produit des turbulences lorsqu’elle intervient dans une société hypercomplexe et fonctionnant de plain-pied. La mal-gouvernance qui en résulte dresse le peuple contre les élites. L’État tutélaire et le système de protection sociale uniformisante que nous avons construits au milieu du XXe siècle ne se délitent que lentement et prennent à rebrousse-poil une société qui vise à optimiser la situation particulière de chacun. L’Union européenne entre deux chaises est paralysée. Du fait de ces désajustements, les gouvernements de la plupart de nos pays et celui de l’Union sont en perte d’efficacité et incapables d’accompagner convenablement notre développement dans le cadre de la mondialisation en cours. Ils ne fournissent pas le bien commun qu’attend la société des gens. Nos populations souffrent et sont démoralisées. Elles accusent les élites gouvernantes aussi bien nationales qu’européennes d’être responsables de leur malheur et les contestent brutalement dans les urnes comme dans la rue. Des crises politiques graves pourraient perturber la métamorphose. »

Les Gilets Jaunes, ce mouvement qui secoue la France

Il y avait, à l’origine, un côté bon enfant, ludique dans les gilets jaunes. L’originalité de ces mouvements qui se développent dans les réseaux sociaux, c’est qu’il n’y a pas de chef, pas d’organisation avec laquelle les pouvoirs publics peuvent discuter. Ils ne veulent pas être représentés.  On est dans la complexité des « systèmes dissipatifs », les auto-régulations se font ou ne se font pas, ceci dépend de chacun des membres des réseaux et en réalité des manipulations intérieures et extérieures. Les pressions physiques peuvent aller très loin. Il y a une ambiguïté profonde : les gilets jaunes ne se soucient probablement pas d’écologie car personnellement, à court terme, ils cherchent d’abord comment s’en sortir dans leur vie quotidienne. Que proposaient-ils à l’origine ? Qu’on les écoute ? Que l’on écoute les maires et d’autres formes d’organisations ? Mais leur désenchantement s’est cristallisé sur une personne, leurs « indignations » manipulées par des extrémismes, se transforment en colère qui peut être violemment destructrice. Nous avons un besoin urgent de « catalyseurs de l’action publique » dans des situations d’extrême complexité. Ce serait des socioperceptifs aigus qui sentiraient les principales dynamiques de la métamorphose en cours. Ils seraient à l’origine de « collectifs hybrides » où pourraient se retrouver des agents socioperceptifs qui viendraient des pouvoirs publics, corps intermédiaires, syndicats, associations… Peuvent-ils jouer leur rôle d’auto-organisateurs naturels dans un système complexe ? La métamorphose c’est aussi transformer les crises même graves en opportunités. C’est la chenille qui devient papillon. Que vont faire les « cellules imaginales » socioperceptives, créatrices ? Ce mouvement, aujourd’hui récupéré par des extrémismes politiques, peut-il être, aurait-il pu être pour Emmanuel Macron une chance lui permettant de délaisser les expertises technocratiques et recoller à la réalité quotidienne en étant plus à l’écoute de la société des gens ? L’avenir ne se décrète pas.
RÉSILIENCE & MÉTAMORPHOSE : DANSE VERTUEUSE ?

RÉSILIENCE & MÉTAMORPHOSE : DANSE VERTUEUSE ?

PhiloMa 2018-2019, c’est parti !
Tout au long de la saison, nous nous interrogerons sur la résilience et la métamorphose : des entreprises, des individus, de la société.
Comment articuler les 3 niveaux ?
La résilience serait-elle un changement dans le système, la métamorphose un changement du système ?
Peuvent-elles se nourrir mutuellement, entrer dans une danse vertueuse ?

Soirée inaugurale : le jeudi 11 octobre 2018 à 19h30

au Château de la Solitude, 54 avenue Charles Schaller à 1060 Bruxelles

Intervention d’Irène Dupoux-Couturier et Alain Richemond

Qu’est-ce que la résilience après un choc ? Pour un individu ? Une entreprise ? Une économie ou une société ? Qu’est-ce qu’une métamorphose, changement de forme ? L’une serait-elle changement dans le système, quand l’autre serait changement du système ? Comment les articuler ? Comment lier mutation individuelle et collective ?