L’inhibition créative @Alain Berthoz

L’inhibition est une des plus importantes découvertes de l’évolution. Elle est présente, avec sa compagne la désinhibition, à tous les niveaux du vivant – moléculaire, cellulaire, social, culturel. Sans l’inhibition, nous ne pourrions pas agir, choisir, décider, apprendre, mémoriser ni oublier pour laisser la place à des mémoires nouvelles. Sans les multiples formes d’inhibition que notre cerveau utilise, nous ne pourrions pas être empathiques, tolérants, innovants ou créateurs. La méditation est impossible sans l’inhibition. Les perturbations du délicat équilibre entre excitation et inhibition sont à l’origine de maladies comme le Parkinson, l’épilepsie, les troubles de l’attention, l’impulsivité, etc.

Mais l’inhibition a une autre face. Elle assure, par les lois et les règles morales, la paix sociale et la liberté. Cependant, le cerveau et les pratiques de l’homme ont perverti cette ressource merveilleuse par le mensonge, le déni, l’oppression, la censure, la dictature, les excès de normes et d’interdits, la culture de la haine. Ils étouffent nos capacités à comprendre les émotions d’autrui et alimentent la barbarie.

Cet ouvrage d’un physiologiste suit les péripéties et les multiplications des fonctions inhibitrices, depuis la molécule jusqu’à la société et aux droits de l’homme. Il offre, dans le format d’un « atelier » d’idées et de découvertes scientifiques récentes, une nouvelle grille de lecture aux sciences biologiques et aux sciences humaines et sociales.

Alain Berthoz, neurophysiologiste, est professeur honoraire au Collège de France et membre de l’Académie des sciences. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Le Sens du mouvement, La Décision, La Simplexité et La Vicariance, qui ont été de grands succès. 

LE CREPUSCULE DES LIEUX @ Pierre Giorgini

Ce nouveau livre de Pierre Giorgini s’attaque au concept probablement le plus fondateur de l’âme humaine : le lieu. Il explique comment la transition technoscientifique que nous vivons est en train de bouleverser notre rapport aux lieux, aux espaces, au local… C’est le “crépuscule des lieux” ! Le psychanalyste Jacques Arènes, qui signe une très belle postface, écrit : “Nous avons perdu notre toit” ! Pierre Giorgini pense une fois de plus avec talent la transition : comment inventer des “tiers-lieux”, des espaces ouverts et fédératifs, qui associent la création en réseaux et l’enracinement local ?

Apprivoiser la fulgurance?

“Militons pour que cette richesse du signe qui résume l’âme humaine ne se perde pas dans un appauvrissement général de l’écrit qui serait pour le coup le signe de la fin de l’humanité tout entière laquelle aurait définitivement perdu ses lieux et ses liens”. Giorgini est un spécialiste du monde de l’entreprise et de l’innovation, ex directeur de France Telecom Recherche et Développement et sait de quoi il parle. Il en retire une ardente réflexion philosophique et sociologique où la lucidité pessimiste ouvre la voie à de possibles visées optimistes à réaliser, proposant des  pistes concrètes. Car le “virtuel” porte en lui des possibles dont il nous appartient de décider en connaissance de cause de la direction : ce livre en est l’indispensable boussole..Indispensable.  

Mathilde Le Guay

Libraire Decitre Part-Dieu

LA FULGURANTE RÉCRÉATION @ Pierre Giorgini

“Bien plus qu’une crise, notre monde vit une mutation, une transition, une transition fulgurante.”

Dans ce nouvel ouvrage, Pierre Giorgini, ingénieur, créateur d’entreprises, enseignant, tente de proposer de nouveaux modèles d’organisation sociale capables de répondre aux défis de la révolution numérique. Il montre comment le bouleversement en cours de nos façons de nous organiser, de communiquer, de produire, de créer est susceptible de faire émerger une nouvelle économie de la co-élaboration, de la participation, et des nouveaux schémas d’organisation sociale (écosystèmes) fondés sur l’arborescence, le partage et la cohabitation. ce livre a bénéficié de l’apport de nombreux spécialistes, économistes, philosophes, prospectivistes…

L’oeuvre de Pierre Giorgini ouvre à toutes les disciples d’immenses perspectives de renouvellement… Nous partageons lui et moi les mêmes passions et les mêmes convictions sur l’évolution de notre société.

Erik Orsenna

L’équipe apprenante @Etienne Collignon

Se relier pour transformer le monde

Préface de Peter Senge, auteur de La cinquième discipline.

L’équipe apprenante est caractérisée par la conscience de son développement, la maîtrise de ses postures et le choix de ses projets. Pour cela, les membres pilotent leurs propres apprentissages, observent le vivant des interrelations et font face aux difficultés humaines. C’est aussi être collectivement pilote de son énergie et faire émerger l’intelligence collective. Et trouver ou retrouver la joie d’apprendre et se développer.

Le modèle « L’équipe apprenante » facilite l’exploration de cet immense territoire à travers une gamme de « pratiques ». Une équipe peut ainsi se situer comme « apprenante », repérer ses forces et ses désirs d’apprendre, choisir des méthodes ou simplement reconnaître le chemin qu’elle suit. Elle pourra s’inspirer des modèles fondamentaux créés depuis un siècle par une douzaine d’experts reconnus internationalement et des témoignages de conduite d’équipe apportés par une cinquantaine de leaders, d’équipiers et d’accompagnateurs dans des organisations en France, comme Ardelaine, Bonduelle, Danone, Secours catholique Caritas France, SNCF.

La personne apprenante @Etienne Collignon

Nourrir son humanité et mieux vivre dans un monde complexe

L’apprenance est une attitude dynamique consciente permettant à une personne ou un collectif d’accroître sa capacité à traiter des situations complexes. Cela s’applique à la personne, comme au collectif, qu’il s’agisse d’équipe, de réseau, de cercle, ou d’organisation.

Cet ouvrage est dédié à la personne apprenante caractérisée par la conscience de son développement, la maîtrise de ses postures et le choix de ses projets. Pour cela, il lui faut piloter ses propres apprentissages, observer le vivant des interrelations et faire face aux difficultés humaines. C’est aussi être le pilote de sa propre énergie et se mettre au service de l’intelligence collective. Et retrouver la joie d’apprendre et se développer.

Le modèle « La personne apprenante » facilite l’exploration de cet immense territoire à travers une gamme de « pratiques ». Une personne peut ainsi se reconnaître « apprenante », repérer ses forces et ses désirs d’apprendre.

L’intention de cet ouvrage est de favoriser l’acte d’apprendre par soi-même et pour soi-même. Il contient de nombreux exercices d’initiation comme d’approfondissement, et des textes et modèles inspirants.

Le pouvoir d’agir des citoyens @Georges Dhers

Préfacé par Jean-Baptiste de Foucauld et Alain de Vulpian.

Georges Dhers, docteur en Sciences économiques, a longtemps travaillé dans le champ du développement local (Datar, INDL…), acteur et chercheur sur les dispositifs qui facilitent simultanément le développement des personnes et des territoires, il a créé des ingénieries qui permettent l’émergence de groupes-projets de citoyens acteurs-créateurs, et conçoit actuellement des modules pour en former les animateurs. Il est membre de l’équipe de coordination du Pacte Civique.
Coordinateur du Pacte civique, Président de Démocratie et spiritualité, Ancien commissaire au Plan.

Cet ouvrage s’intéresse aux processus qui permettent «l’émergence de collectifs solidaires et créatifs». Aucun territoire ne pourra faire sa résilience dans le contexte actuel de crise multiforme sans l’émergence de «groupes-projets de citoyens acteurs-créateurs», c’est-à-dire de citoyens conscients de leur pouvoir d’agir ; il est donc très important de former les animateurs-développeurs-catalyseurs qui seront capables de faciliter cette émergence puis de relier (mettre en réseau) les groupes-projets émergents. En tant qu’acteur du développement local, l’auteur a expérimenté plusieurs types de dispositifs qui facilitent le repérage des liens interpersonnels et ce que les psychologues appellent le «travail sur les liens». Sa recherche-action lui permet aujourd’hui de formuler des approches nouvelles en matière d’animation de ces dispositifs et en matière de formation de leurs animateurs. La recherche transdisciplinaire menée à travers les sciences humaines et sociales, les spiritualités, les sciences du vivant, les arts martiaux internes, permet de formuler des principes méthodologiques qui sont utiles aux responsables associatifs, aux élus et techniciens des collectivités locales, aux responsables des mouvements citoyens, et aux citoyens acteurs-créateurs. Cet ouvrage dessine les contours de ce qu’est une «démocratie créative et une économie des liens». Au moment même où beaucoup parlent d’effondrement, l’auteur par son travail pense énergie créative des hommes, nouvelles formes de collectifs, et évolution des sociétés humaines.

RECHERCHE-ACTION SOCIALE

Par Dennis Sandow, Scientifique praticien

Prendre soin de la communauté pendant le COVID. Un exemple : dans l’IDAHO, une communauté hospitalière vivante où le personnel s’occupe de sa communauté et où la communauté s’occupe d’eux.

Le Cascade Medical Center est une organisation de soins de santé rurale située à Cascade, dans l’Idaho. La mission de Cascade Medical Center est de “fournir un accès à des services de soins de santé de qualité dans un environnement professionnel et attentionné”. Pour réaliser cette mission, le PDG Tom Reinhardt a publié ce message sur le site web de l’organisation : “Bienvenue ! Ici, à Cascade Medical Center, nous comprenons que les soins de santé sont en train de changer … Alors que l’excellence médicale est notre priorité absolue, les meilleurs soins de santé sont dispensés avec gentillesse, compassion et amour”.

Lors de la réunion annuelle de la Society for Organizational Learning en 1998 (SoL), le biologiste chilien Maturana a décrit comment l’amour développe l’intelligence, la créativité et la liberté. Cet exemple du Cascade Medical Center est le résultat de l’application de la recherche sur la manière dont les enfants apprennent décrite par PIAGET.

Lors du forum mondial de SoL à Paris en 2014, Arie de Geus, ancien directeur général de la planification chez Royal Dutch Shell, a pris la parole pour encourager les jeunes participants à lire les travaux de Piaget sur “l’apprentissage par l’accommodation” afin de modifier les structures internes des entreprises et des institutions gouvernementales pour qu’elles soient en harmonie avec nos valeurs contemporaines. La plupart du temps, notre apprentissage est guidé par la théorie déductive que Piaget appelle “assimilation”.  À d’autres moments, nous apprenons en l’absence de théorie. C’est le cas de la science de la découverte inductive. Piaget appelait cela l’apprentissage par l’accommodation.

Sur ce thème, Tom Reinhardt, George Greenfield et moi-même nous sommes rencontrés pour discuter de l’utilisation de la recherche-action sociale pour comprendre comment le personnel du Cascade Medical Center avait bien travaillé ensemble. C’était le premier pas vers l’alignement des structures internes de l’organisation sur nos préférences en matière de vie et de travail en commun. Au lieu d’adopter une approche pathogène et de voir les problèmes de l’organisation, ma recherche en action sociale étudie “comment les gens font ce qu’ils font” lorsqu’ils créent de la valeur et du bien-être. Au lieu d’utiliser des chiffres, j’écoute une personne après l’autre expliquer comment ils travaillent ensemble. Chaque entretien ouvert est transcrit et validé par ceux que j’ai écoutés. Ensuite, tous les entretiens sont étudiés pour en vérifier la cohérence, ou la régularité, sur l’ensemble des entretiens. Enfin, le réseau social de Cascade Medical Center fut cartographié. Toutes ces données sont compilées et présentées au personnel et aux membres du conseil d’administration afin qu’ils puissent conserver et développer leur culture de bien-être et de haute performance.

Cette recherche nous a appris que les préférences du personnel pour travailler ensemble comprennent l’esprit de famille, la communication, la transparence et l’ouverture, la vie en communauté, l’attention à chacun, l’aide, le soutien, la confiance, le fait que les gens ne sont pas des numéros, la liberté d’agir, l’attention et un réseau de conversations qui les maintient ensemble. Le personnel, heureux, positif et attentionné, est prêt à contribuer à la réussite de chacun. “La compassion était tout simplement incroyable. C’est un travail joyeux qui ouvre de nouvelles perspectives scientifiques sur les systèmes sociaux, l’amour, le soutien et les soins. Le travail est-il totalement efficace à Cascade Medical Center ? Non, ce que nous avons appris n’est que le début !  Mais nous avons appris que haute performance et bien-être social sont synonymes et que la recherche en action sociale nous aide à équilibrer la structure et l’organisation sociales en reconnaissant et en promouvant les attributs du bien-être et en maintenant la façon dont nous vivons et travaillons bien ensemble. »

 

Cartographie des réseaux sociaux

Pour comprendre les systèmes sociaux, je fais deux distinctions concernant les systèmes en général : l’organisation et la structure sociale (H.R. Maturana, 1975). En 1990, j’ai utilisé la cartographie de l’analyse des réseaux sociaux pour étudier les réseaux de soutien social cohésifs (Yan, 1991), augmenter la productivité de la chaîne d’approvisionnement (Jewell-Larsen & Sandow, 1999) et améliorer la qualité des cartouches à jet d’encre Hewlett-Packard (Sandow & Allen, 2005).

Aujourd’hui, nous avons étudié le réseau social de la culture du lieu de travail de Cascade Medical Center. En étudiant les réseaux sociaux chez Hewlett-Packard, j’ai commencé à les cartographier plutôt que de les analyser car, par définition, l’analyse est la séparation du tout en ses parties constitutives. Nous voulions examiner le tout. Une enquête a été envoyée à toutes les personnes interrogées à l’hôpital pour leur demander : “Avec qui collaborez-vous pour créer des soins exemplaires aux patients ? » Le réseau est cartographié à l’aide de flèches directionnelles. Si Dennis a identifié George comme un collaborateur, une ligne avec une flèche est tracée de Dennis à George. Ensuite, si George a identifié Dennis comme un collaborateur, une flèche est tracée de George à Dennis. “Nous avons trouvé un réseau de collaboration sociale, la structure sociale la plus cohésive.” Lorsque nous l’avons comparé à l’organigramme traditionnel, nous avons constaté que cette structure était un réseau de capital social reliant des silos ou des départements fonctionnels.

Par l’accommodation, la transformation organisationnelle

Arie de Geus, Alain de Vulpian et Irène Dupoux-Couturier sont tous arrivés à une conclusion similaire : il est temps pour nous de laisser la biologie, et pas seulement la science physique de la logique, guider notre transformation.

L’économie mondiale est passée de l’ère industrielle à l’ère de la connaissance et les pratiques de gestion qui produisaient de la valeur à l’ère industrielle n’ont pas prouvé qu’elles en créaient à l’ère de la connaissance. Pourtant, ceux qui tentent de gérer les organisations en utilisant des pratiques de l’ère industrielle contribuent au malaise social et psychologique qui entraîne une mauvaise santé, une faible productivité et des performances médiocres. Ce n’est pas une préoccupation unique. Les institutions gouvernementales, philanthropiques et commerciales continuent à utiliser les sciences physiques pour guider leurs décisions et ces institutions sont en train d’échouer, tout comme Vulpian et Dupoux-Couturier décrivent l’effondrement ou l’épanouissement auquel nous sommes confrontés au milieu de cette transformation organisationnelle.

Pour en savoir plus sur ma recherche en action sociale, vous pouvez consulter le site www.reflexus.org.

  • Arie de Geus : La pérennité des entreprises (Maxima 1997)
  • Alain de Vulpian : Eloge de la métamorphose (Saint-Simon 2016)
  • Alain de Vulpian et Irène Dupoux-Couturier : Homo sapiens à l’heure de l’Intelligence Artificielle (Eyrolles 2019)
  • Sandow, D., & Allen, A. M. (2005). The nature of social collaboration: How work really gets done. Reflections, 6(2/3), 13-31.