ALAIN DE VULPIAN, UNE PERSONNE APPRENANTE #1

INTERVIEW ET TEXTE DE ETIENNE COLLIGNON, 10 septembre 2014

 

Nous rencontrons Alain de Vulpian, sociologue, fondateur de Cofremca, Sociovision auteur de nombreuses publications dont « A l’écoute des gens ordinaires. Comment ils transforment le monde » (Editions Dunod, 2003)[1]. Dans un entretien avec Etienne Collignon, il partage sa vision de l’apprenance et nous parle de lui-même comme personne apprenante.

 

Alain, qu’est-ce que l’apprenance ?

La vie est apprenance. S’il n’y a plus d’ajustements, les décalages se creusent et la vie s’arrête.

D’après Varela l’organisme vivant (de la petite cellule au plus complexe) est autopoïétique, c’est-à dire qu’il se construit lui-même en réagissant à sa façon à son environnement.

Le cerveau humain est d’une extraordinaire plasticité ; le cerveau est d’une complexité telle qu’il ne peut pas être programmé. A la naissance il n’est pas achevé ; il est au tiers de son volume et de sa complexité. L’homme naît non achevé. C’est une bonne nouvelle ! Il apprend en réagissant à son environnement. Il apprend énormément au cours des premières années de sa vie (il se forme et se transforme) et il continue à apprendre tout au long de son existence.

Il y a une distinction que j’ai envie de faire : la vie nous apprend et nous fait grandir, mais nous conditionne en même temps. Elle nous éduque. Elle nous domestique.

Il y a l’apprenance qui ferme et l’apprenance qui ouvre. Pendant 100 000 ans, les chasseurs cueilleurs vivaient en petits groupes, avec peu de hiérarchie ; ils pratiquaient une fabuleuse apprenance très enrichissante ; puis des despotes sont arrivés et nous sommes entrés dans une ère d’apprenance conditionnante. Ainsi se sont développées les civilisations, avec leurs villes, hiérarchies, stockages, guerres. La civilisation occidentale est encore dans ce modèle.

Nous sommes probablement en train d’entrer dans une apprenance nouvelle où les humains peuvent de plus en plus développer au mieux leurs potentiels. C’est une évolution amorcée depuis un siècle qui avance rapidement en ce moment. Cette apprenance déconditionnée arrive par le bas. Elle va modifier l’éducation organisée et la remettre en question ; c’est très positif ; l’homme devient conscient de ses conditionnements.

 

Quelle est l’importance du cerveau dans cette évolu-tion ?

Les neurosciences nous rappellent qu’on n’utilise qu’une partie du potentiel de notre cerveau, 10 % environ disent certains (mais on ne sait pas). (Voir le film Lucy).

Le potentiel rationnel du cerveau a été énormément développé après Descartes ; quant au potentiel spirituel, nous sommes en train de l’ouvrir de plus en plus.

Le sociologue allemand Norbert Elias a montré comment on est passé d’une féodalité médiévale à une rationalité affichée. Le rationnel a été extrêmement privilégié. L’émotionnel, l’affectif ont été déclassés.

Aucune population humaine n’a développé à la fois le rationnel, le spirituel et l’émotionnel autant que nous depuis un siècle.

Mes équipes ont montré que les nouvelles cohortes avaient formé des personnalités très différentes ; ce n’était plus interdit d’être émotionnel, affectif, sensoriel, spirituel.

David Riesman a décrit la transformation des personnalités chez les jeunes et chez les parents, ce qui a débouché sur la révolution des jeunes en 1965 et 1968.

En parallèle il y a eu une reprise de l’importance du cerveau spirituel. Je ne sais pas bien dire ce que c’est. Matthieu Ricard a montré les liens entre cerveau et méditation. Il y a des activités du cerveau qui s’apparentent à une dimension spirituelle ; c’est le chamanisme, le spiritisme, le christianisme ; on le trouve dans toutes les espèces humaines.

La vie a d’extraordinaires capacités de survie et de complexification. Voir les travaux de Maturana et Varela. Les hommes ont un cerveau très malléable. C’est la seule espèce qui a réussi à s’adapter à une variété de conditions de climat et a su faire évoluer son cerveau pour tirer parti d’une très large variété d’environnements. En même temps l’espèce humaine est toujours très vulnérable. Elle est en danger. L’industrialisation détruit notre biotope.

 

Comment se situent les acteurs dans ces changements ?

Parlons de ces changements proches de nous, car les problèmes et évolutions en Inde et en Chine sont différents.

Ici, de plus en plus de personnes recherchent l’autonomie, la capacité à décider par elles-mêmes. Il y a ainsi beaucoup de vitalité et d’appétit chez les jeunes.

Dans notre société, une partie des grandes entreprises ont du mal à abandonner la hiérarchie et les procédures. Notre système politique est englué ; la vie politique est coupée de la société réelle. Une autre société s’installe en catimini (think tanks par exemple, une foule de ce que j’appelle les nouveaux animaux).

Pour les écologistes idéologues, il faut arrêter l’industrie mécanique. Mais une industrie informatique et biologique est en train de se développer qui est vivable à long terme. Il faut réussir le passage de l’une à l’autre.

La clé du développement, c’est l’autonomie, la liberté de la personne. Celle-ci a développé la perception de ses sensations et de ses émotions. En 1950, elle avait du mal à exprimer ses émotions ; depuis elle a su entrer au contact de ses émotions. Elle perçoit son cheminement mental et ainsi se libère. Simultanément, elle devient plus intuitive, plus socio-perceptive, plus empathique. Les hommes du XVIIIe siècle avaient moins d’empathie que nous. Aujourd’hui nous sentons que le vivant est système et nous avons l’intuition des systèmes dans lesquels nous sommes entraînés. Nous devenons une personne au fur et à mesure que nous interagissons. Vous et moi nous grandissons ensemble.

Il se développe une intelligence collective ou une émotion collective. Elle nous sert à exister en collectivité et anticiper.

Les neurosciences nous apportent des informations très importantes. Ainsi, la découverte des neurones miroirs : il y a des types de connexion entre les hommes qui ne sont pas verbales, qui ne sont pas intellectuelles. Il existe du rationnel, émotionnel et spirituel collectif. Les « Near Death Expérience » sont solidement établies.

Alain Berthoz montre par son concept de Simplexité comment les humains en général se sont adaptés à la complexité du monde.

Il y a des relations systémiques dans le cerveau entre les émotions, les actions, les réflexions, le vécu. Tu te transformes, cela transforme tes actions et ton vécu.

 

As-tu une pratique d’observation de toi-même comme personne apprenante ?

Oui et non. Il faut distinguer l’observation volontaire et l’observation inconsciente. Ou l’observation inconsciente et l’observation intellectualisée.

Il y a trois niveaux : l’observation du fait, vivante ; l’observation intellectualisée ; et l’observation volontaire. Je pratique les trois niveaux.

Dans ma vie personnelle et mon développement personnel, il y a eu un moment très important vers 1952 / 1953 : la découverte de Carl Rogers et la pratique de l’empathie rogérienne.

Il y a des personnes obsédées par l’observation d’elles-mêmes. J’ai toujours pensé qu’il fallait m’en protéger.

Comment ? Il faut écouter ses propres profondeurs. Être branché sur ses émotions. Se sentir connecté au Grand Tout. Et laisser venir les directions qui nous conviennent. Il faut trouver les contextes dans lesquels l’intuition vitale est éveillée et savoir l’écouter.

J’aime vivre le meilleur de moi-même dans des groupes et des contextes qui m’inspirent. J’aime me sentir connecté ainsi au Grand Tout, où notre cœur peut parler et laisser venir la vie.

Il y a deux sociétés étrangères l’une à l’autre, la société officielle et la société vivante. Nous entrons de plus en plus dans une société où l’on nous invite à respirer. L’éducation sera davantage centrée sur le développement des potentiels de chacun. C’est la civilisation du développement du potentiel. Aujourd’hui elle jaillit « Bottom-up ».

 

[1] En 2016, il publie Eloge de la métamorphose. En marche vers une nouvelle humanité, Préfacé par Alain Berthoz, Professeur honoraire au Collège de France. Prix de l’essai de l’Académie française 2016. Ed Saint-Simon.
En 2018, avec Irène Dupoux-Couturier, Homo sapiens à l’heure de l’intelligence artificielle : La métamorphose humaniste. Préface de Peter Senge. Ed Eyrolles.

 

Le Grand Rebond – 19 novembre 2020

Première émission du Grand Rebond sur le thème de la métamorphose, avec :

  • Irène Dupoux-Couturier, historienne et co-présidente d’Happymorphose,
  • Jessica Brugère, co-associée de La Maison du Management de Lyon,
  • animée par Mickael Réault, fondateur du Grand Rebond et CEO de Sindup.

carnet 9

A l’écoute des gens ordinaires…  Comment ils transforment le monde

LA PANDÉMIE DU CORONAVIRUS PEUT NOUS AMENER À UNE PRISE DE CONSCIENCE, favorable à UNE SOCIÉTÉ PLUS SOUCIEUSE DE L’HUMAIN et DE LA TERRE

Gaïa et la métamorphose Humaniste,

Les enjeux de la pandémie sont liés la crise écologique. Pour contrer le virus, il faut agir à la fois sur le plan local et sur le plan planétaire, inventer de nouvelles formes de vie, de relations humaines, peut-être d’économie au sens premier du terme « la gestion de la maison ». Nous sommes dans des travaux pratiques de la « glocalisation ».

Au cœur de la « société-comme-un-cerveau, tout est interconnecté pour le meilleur et pour le pire, les résiliences du vivant sont en train d’émerger.

Ce carnet est « une photographie en mouvement », un « sensing » de réactions mondiales sur la pandémie avec une constante dans toutes les réflexions qui était déjà sous-jacente dans le carnet 8, le monde de demain sera différent. Comment ? Quelles seront les conséquences anthropologiques, le changement dans les habitudes passées, un nouveau rapport à l’autre, l’humain au cœur. Les équipes d’Happymorphose ont comme objectif de consacrer un carnet 10 sur les recherches qui pourraient éclairer ce comment.

SOMMAIRE

CE QUE NOUS APPREND LA PANDÉMIE DU CORONAVIRUS EN 2020

ET SI KAIROS, LE DIEU DE L’OCCASION OPPORTUNE TRIOMPHAIT

LES RUSES DE L’HISTOIRE

VERS UNE NOUVELLE HUMANITÉ : LA COURBE DU DEUIL

COMMENT LE CORONAVIRUS A RÉVEILLÉ L’INTELLIGENCE COLLECTIVE MONDIALE, LA SOCIÉTÉ-COMME-UN-CERVEAU ?

Le Covid-19 réveille l’intelligence collective

Réveil éphémère ou bouleversement à long terme ?

LA SOCIÉTÉ DES GENS ORDINAIRES ET L’EXPÉRIENCE LOCALE FACE À LA « SOCIÉTÉ SAVANTE »

DES RÉACTIONS DU MONDE ENTIER

En France, la vie quotidienne

En Italie, une spiritualité humaniste

De Moscou, les défis de l’anthropocène, « l’anthropologie ouverte »

LES CHEMINS VERS LE FUTUR

Une nouvelle politique : « après ne sera pas comme avant : les travaux pratiques du GLOCAL »

LA FORCE DES RÉSEAUX SOCIAUX INTERNATIONAUX

SoL en Europe, SoL Global, Happymorphose, une conversation locale et planétaire.

UN MONDE VIVANT ET SPIRITUEL EN COMMUNION

La pandémie nous plonge encore plus dans la prise de conscience que nous, les Humains, sommes partie du vivant.

LES MOTS CLÉS DE LA SOCIÉTÉ-COMME-UN-CERVEAU

CE QUE NOUS APPREND LA PANDÉMIE DU CORONAVIRUS EN 2020

La pandémie est une alerte forte de la dérégulation des rapports Homme/Nature ainsi que des espaces. Les animaux transportant le virus se sont mêlés aux hommes. Les crises virale et écologique sont liées. Ce thème revient de manière approfondie dans toutes les réflexions rassemblées dans ce carnet. Les virus ne connaissent plus de frontières. L’enjeu est mondial.

Nous vivions avec orgueil dans un monde où l’Intelligence artificielle avait été déifiée. Elle devait apporter à l’humanité un bonheur fondé sur des chiffres et peut-être selon la pensée des transhumanistes éradiquer la mort.

Mais la nature est là pour nous enseigner chaque année la liaison Vie/mort ou Mort/vie, la nature renait chaque printemps, « si le grain de blé ne meurt, il ne peut porter de fruits ».

Pour suivre les biologistes et particulièrement Antonio Damasio, la vie a trois caractéristiques : survivre, se reproduire et s’épanouir. Et ce processus d’épanouissement, cette énergie interne de l’humanité, est la démarche même qu’en temps de crise extrême, nous devons rechercher : c’est l’esprit d’Happymorphose.

Nous étions inquiets pour notre planète, pas assez pour l’Humain. Et un petit virus, parti de Chine, venu probablement d’un animal en voie de disparition, a bloqué toute la planète entière. Le monde est « confiné », les communications non virtuelles ont disparu, chacun réinvente personnellement sa joie de vivre ou en liaison virtuelle avec les autres. On revient à l’essentiel qui fait l’être humain. L’IA n’est plus qu’« à notre service » pour nous aider dans nos propres recherches. La recherche de sens, c’est l’Être humain. Un message du Ciel ou des dieux ? Les grands chantres de l’IA se taisent, les philosophes, les spirituels, les écrivains réapparaissent. En France, confinés chez nous, notre président nous conseille de lire. Le confinement entraîne de grandes détresses sociales et morales. Mais aussi pour certains du temps retrouvé qui peut permettre de reprendre des contacts téléphoniques ou d’écrire les mémoires de nos vies. « Le simple fait de vivre et d’être soi comble. C’est cela la joie »[1]. Nous vivions nulle part, dans les avions, les hôtels, dans des lieux sans identité, « l’homme comme lieu de vie de l’être » a disparu. Aujourd’hui, nous recherchons l’harmonie avec nous-mêmes, avec la nature (même si nous ne pouvons plus y marcher, nous regardons les oiseaux et les fleurs), et les réseaux fleurissent désormais plus que jamais avec la créativité, l’humour, l’attention à l’autre, la beauté (même si les “arnaques” continuent).

Dans nos réseaux spécifiques, Happymorphose, Global SoL et la société apprenante, nous devons chercher comment rester conscients, travailler sur notre socioperception. Nous ne pouvons pas décider de l’avenir, mais ensemble, nous pouvons chercher des moyens spécifiques en utilisant le processus de l’apprenance pour prendre soin de la métamorphose en cours.

Ce carnet, différent des précédents, présente des textes – réflexions, des signaux faibles et des liens internet très divers liés à la pandémie et qui tous illustrent à leurs manières des aspects de la métamorphose humaniste décrite par Alain de Vulpian[2]. A chaque étape, nous illustrerons en lettres grasses comment ces réflexions nous font approfondir les démarches d’Happymorphose, utiliser d’autres voies, cheminer vers le futur.

 

[1] Pierre Giorgini : « la Crise de la Joie » Bayard 2020, contrepoint philosophique de Bertrand Vergely p.225

[2] Alain de Vulpian : « Eloge de la Métamorphose », actuellement en numérique
Alain de Vulpian et Irène Dupoux-couturier : « Homo Sapiens, la métamorphose humaniste »2019             

ET SI KAIROS[1], LE DIEU DE L’OCCASION OPPORTUNE TRIOMPHAIT

Pierre Giorgini dans un article paru dans les Semaines Sociales www.ssf-fr.org  , écrit : depuis 3,8 milliards d’années, les crises et catastrophes dans la biosphère se sont succédées. Elles ont toujours stimulé les forces d’adaptation et de réinvention du vivant. C’est probablement pour cela, que nous vivons une véritable métamorphose dans la manière de percevoir et de concevoir les systèmes complexes techniques et humains. Nous passons d’une domination des systèmes pyramidaux qui distribuent les solutions et les directives de haut en bas à partir d’une intelligence centrale qui concentre et conserve l’information, à des conceptions où l’intelligence et l’information sont réparties parmi les entités du système qui co-contribuent en co-élaborant les décisions et les bons comportements chemin faisant. Chaque localité optimise, ajuste, ses conditions de survie et contribue à la survie du tout dans une intrication des localités à différentes échelles.

Ce second modèle basé sur les localités contributives domine en biologie. Il démontre en ce moment avec l’expérience de la Corée du Sud, du Japon et de la ville de Prato en Toscane qu’il est de loin le plus efficace en matière de résolution de situations complexes. Or nous sommes bien face à la complexité car personne, aucun expert n’a les plans ni le mode d’emploi de la pandémie. Dans ces pays, c’est chaque citoyen (composant du système) qui, aidé par l’accès facile aux tests et aux masques, régule son propre comportement et crée une intelligence collective qui optimise en temps réel l’équilibre entre l’équation économique et l’équation sanitaire par ajustement mutuel chemin faisant. C’est le modèle technique des Google cars.

Cependant, en matière de systèmes sociaux, politiques ou économiques, plusieurs conditions sont indispensables pour que cette conception contributive soit viable et efficace. La principale est que chaque humain accepte de s’éveiller et de s’élever à la conscience éthique de l’interdépendance solidaire de l’humanité entre elle mais aussi avec la nature. Il est probable que ces virus récents issus du monde animal proviennent du peu de précautions que nous avons prises dans les désordres écologiques que nous avons créé au sein de la biosphère.

La question climatique semblait pouvoir créer les conditions de cette montée en conscience éthique. Mais il apparait que ses conséquences ne sont pas encore assez concrètes pour enclencher une véritable mutation des habitus individuels ! La crise sanitaire que nous vivons à l’échelle mondiale est un drame, un effondrement partiel. Sera-t-elle l’occasion opportune de cette disruption salutaire en stimulant le passage à une société contributive où la localité agissante pour le bien commun, la glocalisation, prendra le pas sur la globalisation ? Les démocraties représentatives vont-elles s’appuyer sur cette crise pour inventer les nouveaux modèles d’une démocratie co-élaborative ?

 

[1] Le Carnet 8 faisait déjà référence au dieu Kairos, celui du moment opportun (à distinguer de Chronos, le dieu du temps long)          

LES RUSES DE L’HISTOIRE 

L’Histoire fabrique des alternatives comme s’il y avait une logique du vivant qui domine la logique rationnelle. Des rencontres inattendues se font entre des entités qui ne communiquaient pas. C’’est une catalyse des forces vives.

Aux élections présidentielles de 2017, Macron, le jeune candidat improvisé avait peu de chance de gagner la partie. Une bonne partie de sa victoire est attribuable à la déconfiture des partis politiques et au dégagisme qui régnait. La démarche de son mouvement de « marcheurs » illustrait ce désir « d’autre chose », d’une autre forme de politique, fondée sur l’écoute, le dialogue et la montée des initiatives. Mais élu par des gens qui voulait le changement, il a agi comme un politique traditionnel et, après sa victoire, a rapidement déçu. Entouré de technocrates, il avait le sentiment d’incarner l’histoire de France mais ne sentait pas le peuple vivant. Il avait oublié les « marcheurs ». Pendant quelques mois, nous avons pensé que s’amorçait un scénario qui le sauverait : celui des Gilets jaunes qui le remettait en contact avec le peuple de France. Par une ruse de l’histoire, les Gilets Jaunes pouvaient inverser une tendance et lui faire prendre conscience du mal-être des classes populaires. La façon technocratique de gérer les réformes l’ont ramené depuis l’automne 2019 au scénario précédent.

Le Coronavirus est une autre ruse de l’histoire qui donne l’occasion au Président de revoir le modèle[1], de repenser de manière globale l’avenir de la Nation, de réorienter son positionnement et notre politique nationale et mondiale. Comment rompre avec un capitalisme court-termiste, mondialisé, hyperfinancier ? Ce sont des travaux pratiques combinant le Global et le Local (le « Glocal ») pour protéger la métamorphose humaniste. Dans ses discours et ses actions, le président recherche manifestement ces nouveaux équilibres. Son interview du 16 avril au Financial Times est un marqueur essentiel de sa pensée en évolution, « l’humain au cœur », le Bien Commun.

Une question politique fondamentale se pose : le Coronavirus est-il mieux géré par les régimes autoritaires ou démocratiques ? Début et milieu Janvier, l’empereur de Chine a-t-il risqué de perdre le mandat du ciel ? C’est un des plus vieux concepts chinois qui remonte à plus de mille ans avant notre ère, et à la dynastie des Zhou, l’empereur ne peut exercer son pouvoir que s’il est « à l’écoute » et « dans la compassion avec son peuple ». S’il ne le fait, le Ciel et le peuple peuvent lui retirer son pouvoir. L’épidémie du coronavirus peut en être un exemple. Dans un premier temps, le pouvoir central n’a pas voulu « voir » le drame qui se dessinait, la mort de celui qui l’avait annoncé, le Docteur Li, a déchaîné la colère. Le pouvoir a alors repris le dessus avec de fortes mesures autoritaires. Une politique de propagande, extrêmement organisée internationalement, succède aux « yeux bandés » du début de la crise. D’où vient l’efficacité apparente dans la gestion plus tardive : est-ce l’autorité du pouvoir central ou la responsabilisation des citoyens, le civisme asiatique ? Les mesures de reconnaissance faciale et le « crédit social » vont dans ce sens. La « solidarité patriotique » joue. Mais le nombre de morts est manifestement sujet à caution. L’interrogation, c’est d’un point de vue chinois, l’échec à venir des « routes de la soie », perdre la face vis-à-vis de l’occident.

Ce thème traverse la planète et les différents régimes politiques en place : outre la Chine, des Etats-Unis au Brésil, en Russie, en Inde et en Europe. Certains pays asiatiques ayant des cultures plus profondes de l’organisation semblent mieux armés. La question de l’Europe divisée entre le Nord et le Sud se pose.

Mais une autre forme de communication non politique explose sur le chemin de la métamorphose humaniste et de la solidarité.  Sur les réseaux sociaux, l’humour des jeunes se déchainent, un excellent signe de résilience !

 

[1] Interview au FT du 16.4.20

VERS UNE NOUVELLE HUMANITÉ : LA COURBE DU DEUIL

La courbe du deuil et la courbe en U sont d’actualité.

Elizabeth Kübler-Ross a proposé le modèle de la courbe du deuil avec le passage par le choc, le déni, les grandes traversées émotionnelles, l’abattement, puis l’acceptation et la transformation. Partout à des degrés divers toutes ces étapes se traversent. Pour certains le déni d’entrée de jeu s’est coloré de rébellion et de suspicion vis à vis des médias et des autorités, et rappelons que le déni est une modalité archaïque et instinctive de se protéger de la peur qui risquerait d’être submergente.

Pour d’autres la bascule s’est faite assez vite dans la peur et l’anxiété entraînant un besoin addictif d’écouter les nouvelles, de tout ce qui vient des réseaux sociaux et des chaînes télé et radios, dans une forme d’alliance primitive entre angoisse et stratégie de survie. Chacun, chacune avec ses référentiels et ses systèmes de croyance s’est trouvé confronté à des prises de conscience massives au travers du confinement. L’État a vraiment rempli sa fonction de protection en mettant à l’abri chacun chez soi, en imposant un cadre contenant et en proposant des mesures économiques de soutien exceptionnel.

Parallèlement à cette grande descente dans l’émotionnel et le tripal, des prises de conscience se font quant à un désir d’avenir meilleur qui commencerait à se construire dès à présent au cœur de la crise.

Les signaux faibles deviennent des signaux forts, ils se crient et chantent aux fenêtres pour soutenir les personnels soignants ; on voit circuler des mots d’humour ou des poèmes sur les réseaux sociaux, les personnes s’appellent, prennent des nouvelles les uns des autres, certains font des prises de conscience douloureuses que personne ne les appelle…

Dans la courbe en U qui se superpose à la courbe de Kübler-Ross il est bien question de vision partagée, d’un socle commun de désir.

Au bas de la courbe en U, le point de bifurcation, dit Alain de Vulpian[1], permet de prendre conscience des différents scénarios possibles. Otto Scharmer l’appelle le point « presencing » (une présence à soi-même, aux autres et au monde).

C’est la socioperception qui permet de remonter la courbe en U vers le scénario Happymorphose.

 

Nous sommes dans une occasion unique de l’histoire contemporaine de construire une vision partagée et comme par un miracle de la vie, de l’univers, du cosmos, de l’inconscient collectif, ou venant d’ailleurs, les grands drames écologiques qui secouent la planète, la montée du cri de révolte des jeunes pour le climat, la concordance des élections municipales sur ce thème augmentent nos chances d’une vraie métamorphose humaniste.

La décroissance obligée actuelle, ramenant sur le devant de la scène le plaisir essentiel d’être vivant, de respirer, d’aimer, d’écouter, de se parler, de regarder, de sentir, de faire à l’économie nous offre un espace-temps d’expérience exceptionnelle si on sait s’en saisir.

Tout ce qui se remet en mouvement d’humour, d’amour, de sensibilité, de présence à l’instant présent, de partage de points de vue, de bonnes idées et de solutions au service de l’humain, tout ce qui permet de prendre conscience que la pollution en ce moment décroît, tout ceci concoure, conspire à la métamorphose.

Mais comment allons-nous faire pour que la conscience qui est en mouvement et qui crée des tas de nouveaux gestes, de nouvelles opportunités, de prises de conscience, ne se referme pas, ne se replie pas sur de l’habituel ensuite, ne se fasse pas rattraper par la puissance du rouleau compresseur économique ?

Un certain nombre d’entre nous se pose la question aiguë de l’articulation entre vivre le moment présent, en disponibilité à ce qui est et en lien avec son environnement, et penser à demain pour anticiper. Il y a encore une dimension à cette question. Comment allons-nous créer des changements significatifs à une échelle macro (ville, pays européens, Europe) ?

En ce moment des collectifs sont très actifs sur la question de l’écologie et de la ville de demain, il y a un formidable souffle de postmodernité qui embrase des esprits déjà engagés depuis longtemps pour certains et qui propose une utopie formidablement attractive.

Ce sont des signaux faibles. Comment les signaux faibles deviennent-ils forts lorsqu’ils entrent en résonance avec la vie, les souhaits, l’épanouissement des sociétés ?

 

[1] En suivant Ilya Prigogine

LA FORCE DES RÉSEAUX SOCIAUX INTERNATIONAUX

SoL en Europe, SoL Global, Happymorphose, une conversation locale et planétaire.

Le réseau Global SoL se réunit virtuellement, depuis la période de confinement planétaire, tous les samedis (pour la partie asiatique du globe) et les dimanches (pour la partie occidentale), les deux réseaux s’interconnectant. le 29 Mars, 20 personnes étaient réunies, venant de 15 pays, des Philippines, à Singapour, à l’Iran, l’Europe ( Italie, Espagne, France, Suède, Ecosse, ), Maroc, Egypte, Etats-Unis, Colombie, Brésil…La « conversation » au sens fort américain du terme, « se tourner vers l’autre » a été depuis plusieurs séances très riches. Tous ensemble à l’échelle mondiale, nous sommes connectés et confrontés aux mêmes défis, ceci ne s’était jamais produite auparavant. C’est porté par les réseaux sociaux mondiaux avec leurs risques et leurs avantages.

A partir de la présentation des situations particulières de chacun, de chaque pays et des situations douloureuses a émergé le désir de travailler et de se coordonner sur les 3 thèmes proposées par Otto Scharmer, ou ceux parallèles proposés par Happymorphose et Alain de Vulpian : observer, sentir le point de « présence à soi et au monde » ainsi que  le « point de bifurcation »,  travailler sur la socio-perception, les signaux faibles, la réflexion sur des scénarios d’avenir, l’après-pandémie, avec des applications, comme  éducation et apprenance,  infrastructures démocratiques et gouvernance locale, infrastructures économiques, métamorphose humaniste  et entreprises, métamorphose et spiritualité. Les changements actuels sont de nature hautement systémique, l’effort doit être collectif.

Que faire pour le futur ? Et comment le faire ? Les mots clés furent : socio-perception, intuition, empathie, prendre conscience, être présent au monde, prendre soin. 

« Open your sensing », « chercher les énergies latentes » : l’optimisme et la conviction sous-tendait le que Faire ? Développer « les compétences citoyennes », l’éducation tout au long de la vie, s’appuyer sur les réseaux, sur le local (cf. gouvernances locales) développer les solidarités, approfondir notre rapport avec la nature, garder l’humilité dans toutes nos actions. Vivre le moment présent, changer les modes de « gouvernance », les rapports avec les clients et les fournisseurs, aller au-delà de la compétition (cf. les attitudes de grands entrepreneurs cités ci-dessus).

Créer, en s’appuyant sur de nouvelles opportunités, et être conscients des valeurs qui protègent la métamorphose humaniste : prise de conscience, socioperception, énergie corporelle, écoute.

Que faire, mettre l’accent sur l’agir : Créer des plateformes d’initiatives

C’est de l’écologie intégrative.

Exemple :  le succès des laboratoires américains sur le H1N1 en 2010 et la crise actuelle des tests liée au mal-être et au stress des cadres de la recherche actuelle. (article FT : Inventing COVID testing in a culture of well being. Dennis Sandow, Reflexus)

POURQUOI CERTAINES ENTREPRISES VONT SURVIVRE À CETTE CRISE ET D’AUTRES VONT MOURIR ?

IL N’EST PAS ACQUIS QUE TOUTES LES ENTREPRISES LES PLUS ANCIENNES OU LES PLUS GRANDES SURVIVRONT À CETTE CRISE – L’ADAPTABILITÉ EST ESSENTIELLE
Andrew Hill – andrew.hill@ft.com
FINANCIAL TIMES
11 MAI 2020

Le premier document écrit sur une exploitation de Stora, une mine de cuivre suédoise, remonte à 1288. Depuis lors, l’entreprise – aujourd’hui le groupe finlandais Stora Enso, spécialisé dans le papier, la pâte à papier et les biomatériaux – a subi, au fil des tentatives pour mettre fin à son indépendance, les bouleversements de la Réforme et de la révolution industrielle, des guerres, régionales et mondiales, et maintenant une pandémie.

“Il aurait été catastrophique pour Stora de se concentrer sur ses activités de manière introvertie, sans tenir compte de la politique. Au lieu de cela, l’entreprise a remanié ses objectifs et ses méthodes pour répondre aux exigences du monde extérieur”, écrit Arie de Geus, décrivant une époque particulièrement turbulente du XVe siècle dans son livre de 1997, The Living Company, élaboré à partir d’une étude des plus anciennes entreprises du monde qu’il a menée pour Royal Dutch Shell.

C’est une sagesse que les entreprises d’aujourd’hui, qui se demandent comment survivre, sans parler de prospérer, pourraient utiliser. Hélas, de Geus lui-même n’est pas là pour les aider : il est mort en novembre de l’année dernière.

Une partie de son travail se poursuit grâce aux exercices de planification de scénarios que j’ai identifiés la semaine dernière comme un moyen de progresser dans l’incertitude qui nous attend. Ce penseur multilingue était le directeur de la planification des scénarios de Shell, où il a développé la distinction entre les futurs potentiels (en français, “les futurs”) et ce qui était inévitablement à venir (“l’avenir”).

Il a également vécu les conséquences de la Seconde Guerre mondiale, qui a détruit Rotterdam, sa ville natale, et l’a encouragé, lui et ses amis, à chercher du travail dans les abris des grandes entreprises, telles que Shell, Unilever et Philips.

Il n’est pas acquis que toutes les entreprises les plus anciennes ou les plus grandes survivront à cette crise. Celles qui le feront, cependant, devraient prendre exemple sur le livre de de Geus.

Göran Carstedt, collaborateur et ami de longue date, ancien dirigeant de Volvo et d’Ikea, dit avoir discuté avec de Geus l’année dernière de la manière dont les expériences de mort imminente renforcent l’appréciation d’être en vie. “Il y a des choses que nous considérions comme allant de soi. On commence à voir le monde à travers la lentille des vivants”, m’a-t-il dit. Arie aimait dire : “Les gens changent et quand ils le font, ils changent la société dans laquelle ils vivent”. Cela valait pour les entreprises autant que pour les sociétés. Des groupes de longue date comme Stora devaient leur survie à leur adaptabilité en tant que communautés humaines et à leur tolérance pour les idées, tout autant qu’à leur prudence financière.

Ce sont là de grandes idées auxquelles les chefs d’entreprise doivent réfléchir à un moment où la plupart d’entre eux tentent désespérément de garder la tête hors de l’eau ou, au mieux, se concentrent sur les aspects pratiques de la manière de redémarrer après un verrouillage. Dans sa dernière mise à jour du mois dernier, la directrice générale de Stora Enso semblait aussi préoccupée par les questions pressantes de licenciements temporaires, d’interdictions de voyager et de réduction des dépenses d’investissement que ses pairs des entreprises ayant un pedigree plus court.

Certains groupes qui répondent aux critères de longévité communs à M. de Geus risquent encore de faire faillite, simplement parce qu’ils se trouvent exposés au mauvais secteur au mauvais moment.

D’autres, en revanche, trouveront qu’ils sont mal équipés pour l’après-guerre. Les entreprises qu’il a qualifiées d'”intolérantes”, qui “visent un maximum de résultats avec un minimum de ressources”, peuvent vivre longtemps dans des conditions stables. “De telles perturbations profondes ne feront que révéler les schismes sous-jacents qui existaient déjà”, m’a déclaré par courriel le vétéran de la gestion Peter Senge, qui a travaillé avec de Geus. “Ceux qui étaient sur la voie d’un changement profond trouveront des moyens d’utiliser les forces en jeu aujourd’hui pour continuer, et même se développer. Ceux qui ne l’étaient pas, ne le feront pas”. Pour lui, la question centrale est de savoir si ceux qui interprètent la pandémie comme un signal que les humains doivent changer leur mode de vie vont se développer pour former une masse critique.

Pendant des décennies après la guerre, les grandes entreprises n’ont pas changé leur mode de fonctionnement. Elles ont profité des jeunes qui pensaient que la sécurité matérielle “valait le prix à payer pour se soumettre à un leadership central fort confié à relativement peu de personnes”, a écrit de Geus. Face à cette crise, cependant, de Geus aurait placé sa confiance dans les entreprises qui avaient développé un engagement envers l’apprentissage organisationnel et le partage des décisions, selon une autre proche collaboratrice, Irène Dupoux-Couturier.

La pression de cette crise aplatit déjà les hiérarchies décisionnelles. La sortie de la pandémie sera fondée sur une technologie qui renforce la communauté humaine en encourageant une collaboration rapide entre les entreprises.

De Geus était catégorique : une véritable “entreprise vivante” devait se défaire de ses actifs et changer d’activité avant de sacrifier son personnel, si sa survie était en jeu. Cet optimisme sera certainement mis à l’épreuve dans les mois à venir, mais il vaut la peine de s’y accrocher.

“Qui sait si les caractéristiques des entreprises à longue durée de vie d’Arie … renforcent la résilience dans des situations comme celle-ci ?” M. Senge me l’a dit. “Mais il est difficile de les voir l’amoindrir.”

HOMO SAPIENS COLLAPSE OR FULFILLMENT

Will Homo Sapiens be able to tame Artificial Intelligence
and open the way towards a new human fulfillment?

We are not living in an era that, like so many others, is merely chaotic, but in an epoch that could be a real turning point in the destiny of the human species. Homo Sapiens is not a finished product, but a work in progress, a living organism in evolution, one that has to adapt to new environments. Faced with serial challenges, social, economic, ecological and techno-scientific imbalances, our societies are losing their confidence in the future.

And yet from long-time observations in the field, we can observe the discreet development of signs of a radical metamorphosis and new human fulfillment. Perhaps for the first time in its history, Homo Sapiens puts into dialogue its rational, emotional-relational, sensory and spiritual intelligences – and that changes everything.

« De Vulpian’s book offers more than just an alert. It aims to help ordinary people be more or less clairvoyant, to strengthen their intuitions and to innovate. At the bifurcation point, by paying attention to the weak signals, we can “take care of metamorphosis”. »  Peter Senge, MIT

« The right book at the right time. » Göran Carstedt, former head Volvo, IKEA

Rendez-vous des futurs – Le Cube – 3 décembre 2019

Le 3 décembre 2020, les RENDEZ-VOUS DES FUTURS – LE CUBE recevait Irène Dupoux-Couturier sur le thème de l’Happymorphose. Au point de bifurcation de nos sociétés, et à l’inverse de la collapsologie, le mouvement Happymorphose dont Irène Dupoux-Couturier est co-présidente est l’expression concrète en Recherche-action d’un optimiste méthodologique qui peut aider à prendre les voies créatives d’un futur humaniste. Nous avons débattu autour de son dernier ouvrage co-écrit avec Alain de Vulpian « Homo Sapiens, à l’heure de l’intelligence artificielle, la métamorphose humaniste » (Eyrolles, 2019)

La Plus Belle Histoire de l’intelligence @Stanislas Dehaene

D’où vient l’intelligence ? Est-elle une exclusivité humaine ? Les machines peuvent-elles nous dépasser ?

Elle a émergé avec la vie, s’est développée au fil de l’évolution, s’est magnifiée avec l’espèce humaine… Grâce à cette mystérieuse intelligence, nous avons tout inventé : l’outil, le langage, l’écriture, l’éducation, la science, et la faculté de nous interroger sur le monde. Aujourd’hui, cette belle histoire connaît une révolution sans précédent. Pour la première fois, le cerveau humain peut visualiser son propre fonctionnement. Pour la première fois, il transfère une partie de son intelligence dans des machines capables d’apprentissage.
Au fil d’un dialogue fascinant, le grand spécialiste du cerveau Stanislas Dehaene et celui des neurones artificiels Yann Le Cun racontent, avec Jacques Girardon, cette longue aventure, des origines animales à nos jours, et s’interrogent sur notre futur. Les ordinateurs vont-ils bientôt éprouver des émotions, se doter d’une morale ? L’art, la beauté, la capacité d’improviser, d’anticiper, sont-ils à la portée de cerveaux immatériels ?
Ce que les auteurs esquissent ici, ce n’est rien moins que la prochaine étape de notre évolution. À l’évidence, la lecture d’un tel livre change déjà radicalement le regard que nous portons sur nous-mêmes.

Homo Sapiens, Collapse or Fulfillment

Will Homo Sapiens be able to tame Artificial Intelligence
and open the way towards a new human fulfillment?

We are not living in an era that, like so many others, is merely chaotic, but in an epoch that could be a real turning point in the destiny of the human species. Homo Sapiens is not a finished product, but a work in progress, a living organism in evolution, one that has to adapt to new environments. Faced with serial challenges, social, economic, ecological and techno-scientific imbalances, our societies are losing their confidence in the future.

And yet from long-time observations in the field, we can observe the discreet development of signs of a radical metamorphosis and new human fulfillment. Perhaps for the first time in its history, Homo Sapiens puts into dialogue its rational, emotional-relational, sensory and spiritual intelligences – and that changes everything.

« De Vulpian’s book offers more than just an alert. It aims to help ordinary people be more or less clairvoyant, to strengthen their intuitions and to innovate. At the bifurcation point, by paying attention to the weak signals, we can “take care of metamorphosis”. »  Peter Senge, MIT

« The right book at the right time. » Göran Carstedt, former head Volvo, IKEA

À l’écoute des gens ordinaires, Comment ils transforment le monde

Depuis 50 ans, avec nos équipes et des collègues en Europe et en Amérique, je suis à l’écoute des gens ordinaires. Ce livre raconte la grande aventure de la modernité, telle qu’ils la vivent.

Nous sommes embarqués dans un processus de civilisation qui refaçonne l’architecture de la société. Tout au long du siècle, avec des à-coups, les gens ordinaires, en quête de leur bonheur et de leur autonomie, s’émancipent. Irrésistible mouvement ! Ce processus tend à réduire la distinction entre gens d’en haut et gens d’en bas.
Nous sommes tous des gens ordinaires et nous pesons sur le cours des choses d’une façon qui s’impose à ceux qui se croient puissants. Un décalage se creuse ainsi entre les pouvoirs, les institutions, les entreprises et la société civile. Des tensions, des blocages, parfois de la violence, en résultent. Ce ne sont pas les signes d’un inévitable déclin, mais plutôt ceux d’un accouchement difficile et douloureux.
L’impression que nous sommes à la croisée des chemins ne me quitte pas. Ce processus de civilisation n’est pas prédéterminé. A tout moment, nous courons le risque de gâcher l’opportunité d’une société heureuse, humaniste et relativement pacifique pour retomber dans les voies de l’autorité et des clivages. En contribuant à faire comprendre les dynamiques en cours, j’aimerais que nous puissions tirer parti du potentiel d’harmonie que recèle la société de l’an 2000. Bonne chance aux générations futures. » 

Alain de Vulpian

Homo Sapiens à l’heure de l’intelligence artificielle

Homo sapiens saura-t-il apprivoiser l’intelligence numérique pour un nouvel épanouissement humain ?

Nous ne sommes pas en train de vivre une époque chaotique comme beaucoup d’autres, mais bien ce qui pourrait être un véritable tournant dans le destin de l’espèce humaine. Homo sapiens est un organisme vivant en évolution qui doit s’adapter à ses nouveaux environnements. Confrontées à des déséquilibres sociaux, économiques, écologiques et techno-scientifiques, nos sociétés perdent confiance dans l’avenir.

Et pourtant, les auteurs de ce livre observent depuis longtemps sur le terrain les signes d’une métamorphose radicale et d’un nouvel épanouissement humain. Peut-être pour la première fois de son histoire, Homo sapiens met en dialogue ses intelligences rationnelle, émotionnelle- relationnelle, sensorielle et spirituelle – et cela change tout.

Le livre d’Alain de Vulpian offre plus qu’une simple alerte. Il vise à aider les “gens ordinaires” à devenir plus clairvoyants, pour renforcer leurs intuitions et innover. Au point de bifurcation, en prêtant attention aux signaux faibles, nous pouvons “prendre soin de la métamorphose”. Peter Senge