Irène Dupoux-Couturier présente un ouvrage récent auquel son auteur et ami Alain de Vulpian l’a associée, intitulé « Eloge de la métamorphose » (édit.Saint-Simon). Ce livre a gagné le prix du meilleur essai en 2016 décerné par l’Académie Française. Original et introduit par Alain Berthoz, professeur au Collège de France, l’ouvrage s’adresse au grand public qui s’intéresse à l’évolution récente des grands courants socio-économiques dans un monde en plein bouleversement.
Cette « marche vers une nouvelle humanité » est analysée par les auteurs comme le fruit d’une longue série d’observations sociologiques des changements de mentalité et de comportement de nos contemporains depuis les années 1950. Cela à partir d’entretiens en profondeur, certes coûteux, mais très révélateurs. Le tout faisant suite aux travaux de la COFREMCA et du CEFRI deux organismes fondés ou co-fondés par les auteurs et bien connus d’ARRI, repris plus récemment par le réseau international ,issu du MIT, de recherches sociologiques et managériales « SOL », dont Alain de Vulpian est le vice-président pour la France.
L’enquête auprès des « gens ordinaires » et surtout des jeunes, révèle la prise de conscience d’un phénomène nouveau. Le monde traverse depuis peu une phase d’évolution accélérée, qualifiée de métamorphose par allusion à des phénomènes naturels ( tels que la transformation d’une chenille rampante en beau papillon volant ) Il ne s’agit plus d’une crise, ni même d’une révolution, mais d’une mutation humaine. Celle-ci répond à l’attente des nouvelles générations désirant prendre en mains leur propre destin, par transfert du pouvoir décisionnel à de nouvelles formes d’actions collectives, conçues et gérées par « les gens » eux-mêmes.
Pour mieux comprendre la portée d’une étape aussi décisive, l’auteur du livre la compare à d’autres « métamorphoses » d’importance comparable, lors du développement du « phénomène humain » au cours des millénaires, depuis l’apparition de l’homo sapiens. En fait la première métamorphose de l’humanité date du néolithique – il n’y a que 15.000 ans – après des millions d’années d’évolution, pour passer du stade de l’hominidé à celui de l’homme semblable à nous.
Au XVIème et XVIIème, la civilisation européenne traverse une deuxième métamorphose avec l’avènement de la rationalité et des découvertes scientifiques quasi contemporaines, soit il n’y a que deux siècles. Et depuis une centaine d’année, les « gens ordinaires » sont devenus capables de gérer leur devenir. Ils en prennent conscience par des expériences inédites. Nous sommes au cœur d’un « processus de civilisation ». En témoigne la création de réseaux sociaux utilisant les progrès ultra rapides des moyens de communication. Ainsi que la floraison de nouvelles « start-up » pour résoudre des problèmes réels, avec les moyens du bord, de l’imagination créatrice et des financements nouveaux.
Cette nouvelle métamorphose en cours et qui s’étend au monde entier fonctionne comme un écosystème complexe et interconnecté. Autrement dit, comme un cerveau humain. Nous faisons désormais appel non seulement au cerceau rationnel mais émotionnel-relationnel et même spirituel. Ainsi, les nouvelles générations sont plus souvent en quête de maints « petits bonheurs ». Ceux que leur procurent des échanges de vues personnelles sur des réseaux sociaux indépendants, de préférence à l’écoute des médias officiels. D’où la comparaison avec les multiples connexions du cerveau pour mieux comprendre la métamorphose en cours. Est en train d’éclore une société informelle, fonctionnant comme un ensemble de neurones. Une société « comme-un-cerveau », mue par un esprit de solidarité riche de chaleur humaine et de sens; le tout pour répondre aux attentes des « gens ordinaires ». C’est une troisième métamorphose, qui semble aller vers une nouvelle ère plus coopérative mais qui peut se bloquer à tout moment.
Pour en savoir davantage, les auditeurs sont appelés à lire le livre présenté et à consulter le site : mouvancehappymorphose.com. Suit un échange animé avec la salle, confrontée à une pensée novatrice et porteuse d’avenir.
Michel Le Gouis – le 28 novembre 2016