Depuis 50 ans, avec nos équipes et des collègues en Europe et en Amérique, je suis à l’écoute des gens ordinaires. Ce livre raconte la grande aventure de la modernité, telle qu’ils la vivent.
Nous sommes embarqués dans un processus de civilisation qui refaçonne l’architecture de la société. Tout au long du siècle, avec des à-coups, les gens ordinaires, en quête de leur bonheur et de leur autonomie, s’émancipent. Irrésistible mouvement ! Ce processus tend à réduire la distinction entre gens d’en haut et gens d’en bas.
Nous sommes tous des gens ordinaires et nous pesons sur le cours des choses d’une façon qui s’impose à ceux qui se croient puissants. Un décalage se creuse ainsi entre les pouvoirs, les institutions, les entreprises et la société civile. Des tensions, des blocages, parfois de la violence, en résultent. Ce ne sont pas les signes d’un inévitable déclin, mais plutôt ceux d’un accouchement difficile et douloureux.
L’impression que nous sommes à la croisée des chemins ne me quitte pas. Ce processus de civilisation n’est pas prédéterminé. A tout moment, nous courons le risque de gâcher l’opportunité d’une société heureuse, humaniste et relativement pacifique pour retomber dans les voies de l’autorité et des clivages. En contribuant à faire comprendre les dynamiques en cours, j’aimerais que nous puissions tirer parti du potentiel d’harmonie que recèle la société de l’an 2000. Bonne chance aux générations futures. »